L’évolution sans précédent, autant en quantité qu’en qualité, des instruments virtuels ces dix dernières années n’a pas été suivie de la même créativité chez les fabricants de claviers maitres et autres contrôleurs MIDI. Plus proche du “fourre-tout” destiné à contrôler tout à la fois, votre séquenceur, vos effets et instruments logiciels, rien de bien créatif n’a été élaboré pour tirer parti de l’expressivité étonnante de ces nouveaux outils logiciels. Crise économique, manque d’inspiration, toujours est il que l’évolution s’est faites par toujours plus de “boutons” individuels, nécessitant d’avoir 4 mains et une mémoire hors du commun.
Si on remonte un peu dans le temps, quelques tentatives ont été faites par différents fabricants, dans l’idée de proposer des possibilités de jeux qui se rapprochent de celui d’un véritable instrumentiste. L’idée étant d’ajouter au jeu sur un clavier, un plus grand nombre de contrôles pour obtenir des nuances impossibles à maitriser sur un seul à la fois, deux contrôleurs étant un minimum.
Des exemples? Agir en même temps sur la dynamique d’un violon et son vibrato après avoir enfoncé une note, contrôler l’attaque d’une trompette, sa tenue, ses nuances pendant la tenue puis la retombée de la dernière note et le relâchement. Il en va de même sur les sonorités de synthèse dont les moteurs, toujours plus performants, méritent enfin d’exprimer tout leur potentiel comme des instruments à part entière, avec des possibilités plus intéressantes que de “triturer” un bouton, puis un autre…Un musicien sur un instrument acoustique agit en même temps sur une foule de paramètres et leurs interactions “aléatoires”, donne précisément de la vie à l’interprétation.
La liste est loin d’être exhaustive et ne prend pas en compte ni les synthétiseurs “expressifs” qui étaient des instruments à part entière, comme ceux des marques Kurzweil, Ensoniq…Ni les contrôleurs “complexe” qui nécessitent de savoir jouer d’un autre instruments que le clavier.
Le Yamaha BC3, longtemps dédié aux claviers de la marque est le plus connu des premiers contrôleurs grand public à avoir contribué à la démocratisation de ce genre de contrôle en temps réel. Tout en jouant du clavier, le musicien pouvait joindre le souffle avec certes, la difficulté de savoir souffler. Ce dernier étant plutôt difficile à contrôler avec précision. D’autres fabricants ont rapidement emboité le pas, ajoutant l’entrée nécessaire à sa connexion, puis des boitier MIDI-Controleur de souffle sont apparus et ont permis une plus large utilisation.
Le BC3 de Yamaha, un des premiers contrôleurs de souffle, permettait au choix d’agir sur la vélocité ou le vibrato après l’enfoncement de la note.
Les contrôleurs de souffle ont depuis largement évolué, à la fois en sensibilité, mais aussi par l’ajout d’une couche logiciel, soit dans l’appareil lui-même, soit via un logiciel dédié sur ordinateur. Ils offrent comme principales fonctions supplémentaires, le contrôle de l’attaque, du relâchement et la gestion de deux contrôleurs continus assignables librement. La sensibilité de chacun de ces contrôles est ajustable de façon linéaire ou sur une courbe de réponse que l’on peut personnaliser. Quelques heures de pratiques suffisent à appréhender avec beaucoup de finesse vos sonorités qui prennent dès lors, une tout autre ampleur.
D’autres possibilités s’offrent à vous si vous n’êtes pas à l’aise avec le souffle. Citons les pédaliers, les molettes de Pitch et de Modulation, ou tout à la fois comme sur l’exemple ci- dessous. Avec un minimum de bricolage, vous pouvez vous confectionner à moindre coût et sur une seule connexion MIDI, votre propre système à concurrence de 3 contrôleurs parmi ceux proposés :
Si vous n’êtes pas bricoleur, d’autres appareils “manufacturés” font parfaitement le job et permettent rapidement de prendre le contrôle de vos sonorités acoustiques comme électroniques : ici, le musicien peut agir en déplaçant horizontalement son doigt sur une barre de 50 cm, tout en exerçant verticalement une pression plus ou moins forte. Le boitier se connecte en MIDI sur votre ordinateur ou sur vos appareils pourvus de la prise et en CV Gate sur les synthétiseurs “Vintage”. Un grand nombre de réglages et d’ajustements sont proposés, le choix des deux CC (Contrôleur Continu), ou du Pitch et modulation. Un mode Trautonium permet même de jouer des notes en déplaçant le doigt, avec des choix de gammes et de tonalités (pour des jeux de harpe) ou des déclenchements “créatifs”.
Plus récemment, un curieux contrôleur, originellement destiné à remplacer la souris de nos ordinateurs, s’est vu détourné de son usage premier grâce à d’astucieux développeurs qui ont su tirer parti de son extrême sensibilité. Ils ont ainsi mis au point des applications dédiées qui permettent pas moins de 40 contrôles simultanés, dont chacun peuvent être attribués aux différents mouvements de votre main, si vous avez le bras très musclé! Disons que 8 gestes suffisent quel que soit l’ instrument. Le déclenchement peut se faire en levant/ baissant la main, en l’avançant ou en la reculant, en allant à gauche ou à droite, en l’inclinant vers la gauche ou la droite. Petite démonstration :
Le plus grand inconvénient de tous les systèmes précités est qu’il faut soit abandonner une main, soit coordonner le souffle ou le pied à un jeu sur le clavier. Pas évident, ces “complications” peuvent rapidement faire renoncer les moins courageux à toutes tentatives de jeu en “Live”. Si vous êtes dans ce cas, il existe les claviers de la marque Roli qui, sans être totalement identiques à un clavier traditionnel, s’en rapprochent suffisamment pour pouvoir s’y habituer rapidement et ressentir le frissonnement d’un contrôle total sous vos doigts. On peut ainsi contrôler la façon d’attaquer (Strike), la tenue de la note (Press), le glissement d’une note à une autre (Glide), le glissement du doigt de haut en bas sur chaque note (Slide-uniquement sur la gamme Rise) et le relâchement de la note (Lift). Des contrôleurs supplémentaires, cette fois sous la forme d’un pad à 2 axes (XY Touchpad) ajoutent deux paramètres supplémentaires avec les transitions entre chacune des deux valeurs d’abscisse et d’ordonnée. Une prise pédale est également présente et 3 curseurs tactiles permettent soit d’ajouter 3 contrôleurs supplémentaires, soit de contrôler en temps réel la sensibilité du Glide, du Slide et du Press.
Le Roli va encore plus loin que tous les autres contrôleurs puisqu’il envoie chaque note jouées sur des canaux MIDI différent: chaque notes est aléatoirement envoyée sur un nombre de canaux MIDI préalablement défini pour que chacune ait sa propre expression. Petite démo…
Dernier né des objets de contrôle, le “Touché” de la start’up française Expressive E, doté d’une extrême sensibilité et fabriqué en matériaux nobles (en bois), sans doute pour parfaire la sensation de jouer d’un véritable instrument. Le bel objet permet d’être connecté en USB, en MIDI et en CV/Gate pour les fans de synthétiseurs “Vintage”. Son arrivée s’annonce comme un virage dans l’expressivité des synthétiseurs analogiques, puisque au lieu de sauter d’un contrôleur à un autre, Touché va non seulement vous permettre d’agir en temps réel sur plusieurs simultanément, mais également d’agir sur le ratio des paramètres entre eux et en situation de jeu, comme le ferait tout musicien sur un instrument acoustique. Idem sur les instruments virtuels qu’ils soient des synthétiseurs logiciels, comme des instruments virtuels d’orchestre. En tout, 4 contrôles d’expression assignables avec retour de force, la sensibilité est réglable, on compte 1 encodeur-poussoir, 2 boutons, 4 sorties CV/Gate sur mini-jacks (-10V/+10V), 1 entrée et une sortie MIDI sur mini-jacks, 1 port USB et 4 LED multicolores pour un retour visuel.
Sur la vidéo çi-dessous, 2 musiciens jouent, l’un sur un synthétiseur connecté en CV/Gate et l’autre sur un instrument virtuel.
Le “Touché” d’Expressive E.
Pour les plus “scientifiques”, on peut élaborer des “Patch” à partir de logiciel comme Max ou à l’intérieur même du séquenceur Ableton Live (Max For Live). Dans cette vidéo, un simple micro associé à un patch permet d’interpréter avec finesse, les moindres inflexions de votre souffle. Les notes sont jouée sur un clavier mais les nuances de jeux sont faites à partir du souffle. Les informations sont ensuite envoyées dans un sampler logiciel (Kontakt) pour contrôler un instrument virtuel qui mélange échantillonnage et modélisation ( Sample Modeling-Mrs T Sax). Etonnant!
Un rapide aperçu de quelques “outils” pour que le musicien retrouve un geste plus proche de celui d’instrumentiste que de celui d’un informaticien. Le sujet est vaste et il existe un grand nombre de solutions en fonction de vos affinités. Si vous souhaitez allez plus loin dans le contrôle de vos instruments virtuels, de vos appareils MIDI et/ou de vos synthétiseurs analogiques en CV/Gate, n’hésitez pas à nous contacter. Nous avons des spécialistes pour ça!